« Les affranchis » nous harponne dès sa 1ere scène et ne nous lâche pas jusqu’à la dernière image de Joe Pesci.
Scorsese est un conteur hors pair, un magicien romanesque qui monte les images comme on lie les mots d’une page sur un manuscrit.
Si romanesque qu’il est difficile de croire que le film est basé sur une histoire vraie, celle d’Henri Hill et le livre autobiographique sur sa vie, écrit par le journaliste Nicholas Pileggi, « Wiseguy: Life in a Mafia Family ».
C’est le récit d’une désagrégation mythique, une odyssée tragique au cœur de la mafia italo-americaine.
Ce qui frappe dans « Les affranchis » c’est la normalisation d’un monde psychopathique, égocentrique, extrêmement violent.
Scorsese conte sans émettre son propre jugement moral. C’est la force du film. Pour ce faire, il utilise la narration, le témoignage, en voix off, de Henri Hill, lui-même. L’absence d’empathie de ce témoignage forge le film d’un sentiment distancié par rapport à la violence ambiante. Le monde est partagé en 2, d’un côté, les seigneur-prédateurs, les affranchis, et de l’autre, les proies, les moutons dont le destin est d’être tondu. Quoi que de plus normal ?…
Mais au royaume des seigneurs, l’avenir est violemment incertain et la famille assassine…
« Les affranchis », est aussi porté par un jeu d’acteur formidable, à commencer par Robert De Niro, magistrale dans son interprétation subtile de l’insaisissable Jimmy Conway et Joe Pesci, explosif et imprévisible Tommy DeVito. Sans oublier, bien sûr, Ray Liotta qui tiendra, ici, le rôle de sa vie.
C’est une autre des grandes qualités de Scorsese que la direction d’acteurs, tout particulièrement dans ce film, où l’on prend un véritable plaisir à l’alchimie des protagonistes.
Bref un grand classique par bien des aspects qui ne prend pas une ride.