Pour accompagner la sortie du film et casser les codes classiques de la promotion, Romain Lancry et Vladimir Rodionov ont eu l’idée de confier les clés de leur univers à une nouvelle génération de personnalités issues comme eux d’Internet : Esteban Vial, Camille Landru, Zoé Le Gavrian (alias Zazou de Crécy), Matteo Bales... Ils ont relevé le défi en imaginant et interprétant une dizaine d’épisodes, spécialement pensés pour les réseaux sociaux et diffusés en amont de la sortie du film.
Anges & cie est le premier long-métrage en tant que réalisateur de Vladimir Rodionov, qu'il a co-écrit avec Romain Lancry. Le duo avait envie de signer, à l'instar d'Un jour sans fin et Didier, une comédie avec un postulat fantastique mais qui soit ancrée dans le quotidien, "sans effets spéciaux démesurés." L'idée des anges gardiens qui guident nos actions leur est vite venue, et leur permettait d'aborder ce genre de questions : "a-t-on chacun un “match”, une âme sœur, une personne qui nous correspond en tout point ? Faut-il croire au destin ? Ou est-ce le hasard qui guide nos existences ?"
Vladimir Rodionov et Romain Lancry ont visionné des films comme La vie est belle de Frank Capra et surtout Une question de vie ou de mort de Michael Powell et Emeric Pressburger qui, selon le réalisateur, "ont posé les bases du genre dans les années 40. Nous sommes partis de ces références en axant vers la comédie, avec notre patte, notre fantaisie". Le duo a aussi exploré la mythologie et la hiérarchisation des anges, conservant certains prénoms et en inventant d’autres se terminant en -el ou -elle. En revanche, ils ont décidé d'écarter la religion de leur récit, ne gardant que l'idée d'un monde fantastique dans lequel les anges travaillent : "Il y a probablement une force au-dessus mais eux, ils sont surtout pris dans un univers professionnel avec ses contraintes, ses cadences et ses travers."
Avant Anges & cie, Vladimir Rodionov et Romain Lancry ont collaboré sur des courts métrages, des séries et des sketches. Passer au format long leur a demandé un vrai travail d'adaptation, comme le confie le réalisateur : "il nous a fallu apprendre à écrire un long-métrage. Il s’est d’ailleurs écoulé sept ans entre la naissance de l’idée et le début du tournage. Il a fallu s’acccrocher ! Romain et moi sommes très différents. Lui fonctionne beaucoup à l’intuition, à l’instinct. Je suis plus cérébral, rationnel, cartésien."
Bruno Muschio, aussi connu sous le nom de Navo, scénariste de Bref, Bloqués et Serge le Mytho, a participé à l'écriture d'Anges & cie. Vladimir Rodionov revient sur leur collaboration : "Il nous a apporté le recul qui nous manquait à un moment donné. Il a débloqué, en deux ou trois mois, certaines situations, gommé des incohérences, poli l’univers du film. Et puis il a aussi imaginé quelques scènes très savoureuses."
Romain Lancry joue l'ange Gabriel. Le réalisateur tenait à ce que son collaborateur de longue date et scénariste tienne ce rôle mais avait peur que les financiers ne soient pas convaincus. Auquel cas, il avait prévu un plan B : "Romain aurait incarné Paul, un personnage un peu dérivé de celui qu’il jouait dans notre série Ma pire angoisse. Mais je ne pouvais pas m’y résoudre, je savais qu’avec Romain ce serait drôle et touchant. C’était vraiment fait pour lui." Le comédien renchérit : "Monter un film sur moi avec mon niveau de notoriété actuel n’est pas évident. Il fallait en face de moi un nom un peu plus connu pour que les financiers acceptent de nous soutenir."
Le personnage de Raphaëlle était à l'origine masculin. Mais Romain Lancry et Vladimir Rodionov ont changé d'avis pendant l'écriture, comme l'explique ce dernier : "face à Romain, dans cette relation Auguste/Clown blanc qu’il avait avec l’autre ange, on s’est dit que serait plus original que Raphaël soit incarné par une femme, que ça renouvellerait le genre du buddy movie." Le réalisateur avait été impressionné par la performance d'Élodie Fontan dans la série Prise au piège où elle jouait une femme emprisonnée à tort : "j’avais trouvé qu’elle dégageait une force de conviction, une forme de dureté très intéressante pour le personnage. En même temps, c’est une super actrice, avec un énorme capital sympathie, et ça pouvait aider le public à s’attacher au personnage de Raph."
Pour les costumes des anges, l'équipe voulait un uniforme de travail d'une couleur qui les différencie immédiatement des humains. La couleur violette, qui symbolise la spiritualité, s'est vite imposée. "Et à l’inverse des Men in black ces tenues pouvaient se décliner, plus strictes, plus streetwear ou plus majestueuses, en fonction du caractère des personnages ou de leur grade", développe le réalisateur.
Dans le film, les anges apparaissent et disparaissent sans que les humains ne les voient jamais. Un concept qui a parfois compliqué les choses lors du tournage, aussi bien pour les acteurs, qui devaient rester concentrés pendant qu'une scène se jouait à côté d'eux, que pour le réalisateur : "Il fallait parfois retourner une scène immédiatement avec ou sans anges, sans savoir si le principe apparition-disparition allait fonctionner ou pas. Il a fallu inventer une grammaire, y compris au montage et au mixage."