Thriller dramatique coécrit et réalisé par Roman Polanski, Le Locataire est un film correct. L'histoire nous fait suivre Trelkovsky, un homme timide et réservé, d'origine juive polonaise, travaillant dans un service d'archives, qui visite un appartement vacant pour le louer. Lors de sa visite, la concierge lui apprend que Simone Choule, l'ancienne locataire, a voulu se suicider sans raison apparente, en se jetant de la fenêtre de l'appartement. Suite à son décès, il y emménage. Mais alors que les divers habitants tiennent particulièrement au calme et à la respectabilité de l'immeuble, l'homme devient peu à peu paranoïaque et se met à imaginer que tous ses voisins le poussent au suicide. Ce scénario, adapté du roman Le Locataire Chimérique écrit par Roland Topor et publié douze ans plus tôt, s'avère intrigant à visionner pendant toute sa durée de deux heures. Cependant, le récit prend beaucoup de temps à se mettre en place pendant lequel il fait planer une ambiance incertaine et troublante laissant présager un lien avec l'ancienne occupante des lieux et un malheur à venir. Mais celui-ci arrive très, trop, tard. Il faut attendre plus de la moitié du métrage pour qu'enfin tout s'accélère et que l'on bascule dans le vif du sujet. Résultat, le film aurait clairement gagné à être amputé d'une bonne demi-heure pour ne pas avoir l'impression qu'il tire en longueur dans sa première heure. L'ensemble est porté par des personnages intéressants, interprétés par une distribution comprenant entre autre Roman Polanski, Isabelle Adjani, Melvyn Douglas, Shelley Winters, Bernard Fresson, Claude Dauphin, Jo Van Fleet, Rufus, ou encore trois membres de la troupe du Splendide que sont Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Michel Blanc. Tous ces rôles entretiennent des rapports conflictuels liés aux événements se déroulant au sein de cet immeuble. Des échanges soutenus par des dialogues bien écrits et parfaitement déclamés. Sur la forme, la réalisation du cinéaste franco-polonais s'avère bonne. Sa mise en scène est efficace en nous immergeant au cœur des problèmes de voisinage, en plus d'évoluer dans un bâtiment jouant un rôle important. Ce visuel étrange est accompagné par une bonne b.o. signée Philippe Sarde, dont les compositions inquiétantes s'accordent parfaitement avec l'atmosphère menaçante, sans pour autant être mémorables. Reste une fin moyennement satisfaisante venant mettre un terme à cette œuvre singulière. En conclusion, Le Locataire est un film méritant d'être découvert, sans pour autant être un indispensable.