Louée par la critique et le public à sa sortie en 2023, la première saison réussie de The Last of Us a fait de cette adaptation du jeu vidéo du même nom, développé par Naughty Dog, un véritable phénomène.
Les showrunneurs Neil Druckmann (aussi créateur des jeux) et Craig Mazin ont réussi le pari de transposer sur le petit écran l'histoire populaire de Joel et Ellie, campés par Pedro Pascal et Bella Ramsey, en attirant autant les fans des jeux vidéo qu'un public plus large.
Après deux ans d'attente, les fans vont enfin pouvoir découvrir la seconde saison de The Last of Us, qui adapte une partie du second jeu vidéo, sobrement intitulé The Last of Us : Part II.
Nouveaux personnages, nouveaux enjeux et nouveaux drames... Qu'a-t-on pensé de cette saison 2 de The Last of Us, que nous avons pu voir en intégralité ? Voici notre avis, garanti sans spoilers.
Une saison 2 plus intense et plus sombre
Si vous aviez déjà été émus et pris aux tripes par la première saison de The Last of Us, vous n'êtes pas au bout de vos peines avec la seconde saison. Celles et ceux qui ont joué au jeu savent que l'expérience sera bien plus sombre et plus intense qu'en saison 1.
Et cela résulte du dénouement tragique à la fin de la première saison, où Joel décime les Lucioles, qui allaient procéder à une opération sur Ellie, immunisée contre le virus et "seul" espoir pour sauver l'humanité, qui devait permettre la création d'un vaccin.
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Sauf que l'opération signifiait la mort d'Ellie et Joel, toujours endeuillée par la mort de sa propre fille Sarah, ne pouvait se résoudre à perdre sa fille de substitution. Mais chaque choix a ses conséquences et le prix à payer peut être fatal.
Avec les évènements abordés dans la saison 2 de The Last of Us, le public n'aura d'autres choix que de remettre en question ses principes et ses idées préconçues sur certains personnages et certains aspects de cet univers si riche, si "humain" paradoxalement et surtout si déchirant.
"Nous espérons que le public vivra des montagnes russes émotionnelles avec ces personnages qui lui sont chers, comme nous les aimons tant, et qu'il verra ces thèmes remonter à la surface, pour explorer jusqu'où l'amour peut mener", nous a confié Neil Druckmann.
Car cette saison 2 nous offre des nouveaux points de vues et s'extrait de son rapport manichéen à la survie avec des questionnements essentiels : est-on le méchant d'une autre vie ? quelles conséquences nos choix ont-ils ? que faire lorsque l'on perd un être cher ? la vengeance est-elle une solution ?
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Les sept épisodes nous offrent des premiers éléments de réponses mais laissent également beaucoup de choses en suspens, étant donné qu'il ne s'agit que d'une partie de The Last of Us : Part II qui est adaptée. Mais ils suffisent déjà à dessiner les contours d'un nouveau monde, où cruauté, solidarité, vie, mort, espoir et désillusion se côtoient étroitement.
Des changements nécessaires et malins
Les fans du jeu se demandaient sûrement si la saison 2 de The Last of Us allait suivre point par point la trame narrative de The Last of Us : Part II. La réponse est oui... et non.
Les évènements majeurs (pour la plupart tragiques, mais aussi de jolis moments et clins d'œil d'une grande sensibilité) de la première partie du second jeu sont présents dans la saison 2, avec des changements impliquant certains personnages, connus ou inédits, qui renforcent la tonalité brutale et dramatique des épisodes.
Mais surtout, Neil Druckmann et Craig Mazin ont fait face à une gymnastique scénaristique dans cette nouvelle adaptation en raison des différentes temporalités et des flashbacks présents dans le jeu.
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Et cette modification de la timeline était nécessaire car l'implication d'un joueur ou d'une joueuse, qui est dans l'immersion grâce au gameplay et aux cinématiques et informations distillées sur le long terme, est très différente d'un spectateur ou d'une spectatrice, qui a besoin de plus d'éléments dans un temps plus restreint pour être accroché.
"Nous savons que le gameplay joue un rôle essentiel dans l'expérience de jeu, et se mettre à la place de quelqu'un est une expérience extrêmement importante. Pour la télévision, c'est différent. Nous n'avons pas cette restriction. Nous sommes libres de faire les choses un peu différemment", nous a expliqué Craig Mazin.
On peut se poser la question de savoir si les changements scénaristiques notables observés dans la saison 2 de The Last of Us étaient également une manière de répondre aux critiques sur la première saison mais aussi aux revers et controverses sur le second jeu vidéo afin de mieux préparer le terrain pour les nouveaux personnages et surtout pour la suite.
Et même si certains choix sont plutôt audacieux, ils n'en restent pas moins assez organiques et plutôt malins. Car ils ne changent en rien la valeur émotionnelle de l'œuvre et ils devraient faire en sorte d'engager encore plus le public sur la route tracée par les showrunneurs.
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L'ensemble de la saison 2 est bien plus cadrée et réfléchie en tant qu'objet télévisé que la première saison, qui était plutôt programmatique, même si extrêmement réussie. C'est un tour de force de faire encore mieux en saison 2, même s'il faut bien avouer que le matériau de base, bien plus riche et complexe dans le second jeu que dans le premier, aide bien.
De la brutalité et de l'émotion des personnages
Malgré les critiques entendues ici et là sur la distribution de la série The Last of Us, qui avait fait l'objet de beaucoup de campagnes de fancasting lors de sa mise en production, la deuxième saison prouve une nouvelle fois que ces acteurs et actrices sont les bons choix pour les rôles.
L'air mutin et espiègle de Bella Ramsey laisse plus de place à une mine déterminée et sombre. L'actrice de 21 ans prend totalement le lead sur cette seconde saison et démontre l'étendue de son talent en incarnant toutes les facettes d'Ellie, encore en transition entre l'esprit enfantin et la dure réalité de la vie d'adulte.
Avec la force nécessaire et la juste sensibilité, Bella Ramsey prouve à celles et ceux qui rechignaient encore qu'elle est parfaite pour ce rôle et qu'elle est en passe de devenir l'une des héroïnes les plus importantes du petit écran.
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Son "partner in crime" Pedro Pascal n'est pas en reste. Même si l'acteur est devenu une star incontestable qui n'a plus rien à prouver, il sert une nouvelle fois une performance exceptionnelle d'écorché vif, bourru et sensible, qui a du mal à s'extraire d'un schéma toxique de violence et de retenue émotionnelle.
On ne peut évidemment pas oublier Kaitlyn Dever, qui incarne Abby à quelques reprises dans la seconde saison, mais qui donne déjà le ton de la suite et qui prouve à celles et ceux qui doutaient qu'elle a su s'approprier le personnage, son parcours, sa douleur et sa dureté avec une aisance déconcertante.
On note également les partitions enjouées et impeccables d'Isabela Merced dans la peau de Dina et de Catherine O'Hara, qui incarne le personnage inédit de la psy Gail, une addition pertinente qui accompagne le public dans sa réflexion et qui sert presque de thérapeute universel.
C'est indéniablement grâce à une distribution de cette trempe que la saison 2 de The Last of Us est à la hauteur du projet immense d'adaptation. Outre les performances du casting, on retient également l'immense qualité et beauté des décors et des effets visuels, la maîtrise de la mise en scène intimiste et au plus proche de l'action et de l'émotion et la mélancolie de la musique toujours signée de Gustavo Santaolalla.
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Avec cette saison 2 magnifique et émouvante mais surtout plus intense et plus brutale, tant dans l'interaction entre les personnages que les scènes d'action contre les ennemis et les infectés (bien plus présents qu'avant), The Last of Us confirme son statut de série phénomène et son empreinte dans le paysage télévisuel.
Si les choix scénaristiques sont audacieux mais compréhensibles, on se laisse évidemment porté dans le tourbillon émotionnel et violent de cette saison 2, déjà marquée par des épisodes mémorables, comme le deuxième (grandiose) ou le sixième (déchirant), jusqu'à un final extrêmement courageux, qui choisit de faire confiance au public et qui lui donne déjà rendez-vous pour une saison 3.
"Lorsque la violence est exercée contre soi ou un être cher, jusqu'où est-on prêt à aller pour obtenir justice pour un être cher ? Ce sont des choses que nous souhaitons explorer à travers le drame, l'action, mais aussi à travers cette histoire magnifiquement racontée tout au long de la saison et, espérons-le, si la série n'est pas annulée, la saison prochaine", concluait Neil Druckmann à notre micro.
Bonne nouvelle, la série The Last of Us a été renouvelée pour une saison 3, avant même la diffusion de la saison 2. Et c'est nécessaire car il faudra indéniablement une troisième saison, voire une quatrième, pour que la magie opère totalement et que l'ensemble de l'histoire soit véritablement comprise.
Propos recueillis par Mégane Choquet le 24 mars 2025.
Le premier épisode de la saison 2 de "The Last of Us" est disponible le 14 avril sur la plateforme Max. Les six épisodes suivants seront mis en ligne à raison d'un épisode par semaine jusqu'au 26 mai.
